lundi 3 octobre 2011

Rock Strips par Udner

L'ami Udner a réalisé ce film beau et drôle autour de "Rock Strips Come Back", je ne pouvais que le partager avec vous.
ROCK STRIPS COME BACK from Udner on Vimeo.

mardi 7 juin 2011

Méli Mélo Dylan : solutions, scores et mea culpa


Il est temps (enfin) de révéler les secrets de ce Méli Mélo spécial Dylan (scores en bas)


1 Les White Stripes, Elephant. Jack a énormément de respect pour Dylan, a repris "New Pony" avec The Dead Weather et chanté sur scène "Meet Me In The Morning", etc.

2 John Lee Hooker. Allusion au concert d'avril 1961 où Dylan joue en première partie du bluesman (ils boivent ensuite quelques verres de vin blanc, assez pour que le jeune folkeux d'alors clame être ami avec le Hook).

3 Richie Havens à la 1ère édition de Woodstock. Je plaide coupable pour le coup pervers puisque c'est son accompagnateur que l'on voit sur le Méli Mélo. Car, oui, comme certains l'ont affirmé, Richie, grand interprète de Dylan, était en sandales ce jour-là.

4 Un détail d'Axis Bold As Love, 2e album d'Hendrix. On le sait, l'écoute d'Highway 61 Revisited a donné à Jimi le courage de chanter. En guise de renvoi d'ascenseur, il reprendra quelques chansons de Dylan de manière définitive (comme on dit).

5 La bagnole tout à droite sur la pochette de Roman-Photo, premier album de Bashung longtemps maintenu dans les oubliettes par son auteur. La seule chanson à sauver : "C'est la faute à Dylan" (d'où l'indice "cowboy à Paname").

6 Diamonds and rust, l'album de Joan Baez où elle règle quelques comptes...

7 L'autobiographie de Woody Guthrie avec un dessin de lui-même.
8 Chelsea Girl de Nico (avec "'I'll Keep It With Mine"). Je plaide également coupable, un vrai bug, c'était introuvable. Je positive en me disant que c'est rassurant : aucun joueur n'a été fou pour identifier ce détail noirâtre et énigmatique.

9 Sonic Youth avec Murray Street. Est présent sur la BO d'I'm Not There avec une interprétation mémorable de "I'm Not There", justement.

10 Johnny Cash avec Hymns. Je ne reviendrai pas sur l'amitié qui le lia avec Dylan dont il fut un des premiers soutiens de poids.

11 Untitled des Byrds dont le premier succès, bien plus tôt, fut "Mr Tambourine Man".
12 Le Live At El-Sine de Buckley fils où les reprises de Dylan sont nombreuses.

13 Peter Paul & Mary, ceux grâce à qui Dylan obtint son premier numéro 1.
14 Communiqué de Dires Straits. Pas facile de reconnaître sans le cadre bleu, hein ? Knopfler a joué sur Slow Train Coming et produit Infidels.

15 Use Your Illusion des Guns N'Machin, auteur d'une reprise horrible de "Knockin' On Heaven's Door".
16 Trampoline de Joe Henry. Quand il s'agit de reconnaître Axl Rose et ses potes, y a du monde mais pour Joe, plus personne. Alors que merde, qui c'est qui a enregistré ses albums avec les Jayhawks, Page Hamilton (d'Helmet, justement sur Trampoline ), Mick Taylor, Ornette Coleman, Marc Ribot, Brad Meldhau ? Qui a produit Solomon Burke, l'album d'Allen Toussaint avec Costello, celui d'Hughes Laurie ? Qui a composé avec Loudon WainwrightIII la chanson de Knocked Up, le film d'Apatow ? Ah, je suis vinaigre tout d'un coup. Et bien sûr, il a coproduit plusieurs chansons de la BO de I'm Not There (celles avec Richie Havens, John Doe, Ramblin' Jack Elliott, Marcus Carl Franklin, Bob Forrest).

Du coup, petite vidéo, live au Paradiso, la chanson de Knocked Up.



17 Johnny Rivers. Si l'on se fie à ses Chroniques, Dylan adore sa reprise de "Positively Fourth Street".
18 Carolyn Hester, celle grâce à qui Dylan est entré pour la première fois en studio pour jouer de l'harmonica

19 Cat Power, méga-fan, etc.

20 Nina Simone

LES SCORES

1er KillMeSarah avec 14 pts
2e David Perrault 10pts
3e Hervé Bourhis 6 pts
4e Stéphane Deschamps 5 pts
5e ex-aequo Vincent Arquillière et Jean-Marc Grosdemouge 3 pts
7e ex-aequo Rom & Glorb avec 2 pts.
Merci à vous pour vous être prêté à ce jeu pervers...

Je contacte le grand gagnant pour son prix et renvoie vers sa petite rétrospective perso qui propose plusieurs excellentes versions live (ici et ).

Vous pouvez aussi écouter le portrait de Dylan réalisé par Michel Labrecque avec la participation du chanteur Vincent Vallières et myself. Pour la sortie de Bob Dylan au-delà du mythe (City Editions), j'ai aussi été interviewé par Ginsong et écrit quelques stories pour cet excellent site à vite.

mardi 24 mai 2011

Méli Mélo spécial Dylan


Pour les 70 ans de Bob (dont je viens d'écrire une biographie, dingue, elle vient de paraître chouette ), un Méli Mélo autour de sa personne.

Se sont cachés dans ce fatras 20 artistes parmi les millions qui l'ont fréquenté, repris, massacré, certains ont eu une importance historique dans son parcours, d'autres non, pas du tout.
Matière première : des détails de pochettes ou des photos. J'ai aussi glissé quelques bouts de Dylan lui-même mais c'est juste du décor.

Le but : retrouver les 20 artistes (les cases sont numérotées).

Je le trouve particulièrement vicieux ce méli-mélo mais j'ai appris à ne pas sous-estimer certains joueurs bien meilleurs que moi.

Voilà, celles et ceux qui veulent jouer laissent un commentaire, les commentaires ne sont pas publiés pour conserver le suspense mais j'affiche en temps réel -ou presque - les résultats. Il y aura un truc à gagner mais je ne sais pas encore quoi.

LES SCORES EN DIRECT (vendredi 27 mai 12h12)

Bravo à Glorb qui a 1 point - a good start, indeed - mais aussi le point du premier arrivé - donc 2.
Rom a 2 pts, également gagnés avec courage.

Vincent Arquillière et Jean-Marc Grosdemouge sont en embuscade avec 3 pts.

Stéphane Deschamps (joli coup pour le premier vinyle, moi c'était Téléphone, moins classe) a toujours 5 points.

Hervé Bourhis a fait un super départ mais stagne à 6 pts.

David Perrault,
au contraire, vient de le dépasser et semble représenter le seul vrai danger pour le leader avec 10 pts.


KillmeSarah caracole toujours en tête et jouit d'une avance qui fond au soleil, il a désormais 14pts, bravo !!!

Merci de participer à ce jeu particulièrement tordu

Pour information, personne n'a trouvé les 8 et 16. La révélation du 8 me vaudra sans doute une demande d'asile politique...

PETITS INDICES (laissés en vrac et voués à s'évaporer)
Frozencicconecowboyàpaname)

dimanche 15 mai 2011

Stefmel et Luz, Julie B.Bonnie

Avec Trois Premiers morceaux sans flash, Stefmel & Luz ont inventé un stimulant pour les yeux, débordés et mis à contribution par leurs comptes-rendus de concert mêlant matières photo et graphique. Car les clichés de Stefmel et les dessins de Luz se chevauchent pour retranscrire simultanément plusieurs émotions, captations inspirées de moments donnés et partagés.

Ça commence dès le page de garde du 2e volume, tout juste imprimé (à 500 exemplaires, il ne va pas falloir trainer, sinon vos yeux vont pleurer parce que vous les aurez privés de l’expérience). Entre le vrai Lemmy saisi en pleine action, immobilisé par l’objectif, et ceux, crayonnés qui gigotent autour de lui, se crée un dialogue, un récit à plusieurs dimensions. D’autant plus qu’en l’occurrence, trois années les séparent, un gouffre temporel – ceci est l’exception, la règle est que Stefmel et Luz assistent aux mêmes concerts.

Dans les marges ou la place qu’il leur reste, les mots viennent apporter le rythme, imprimer la pulsation avec leur propre musique poétique. « Comme si la fée clochette du groove avait troqué ses ailes désuettes…», « le soleil parsème d’or la grande scène de Belfort… », « plus que jamais Iggy Pop est un Saint-Sébastien transpercé par les multiples flèches que décochent encore nos fantasmes rock ».


Parmi la vingtaine de groupes représentés, on retrouve des obsessions de Luz (et sans doute de Stefmel too), comme LCD Soundsystem et The Fall – l’avant-dernière page est occupée par une émouvante photo de Mark E.Smith, capturé sans masque par Stef au festival For Noise. Peaches est aussi là, avec sa jambe dans le plâtre, Bryan Ferry aussi a droit à sa double page qui brille par son élégance.


Un des meilleurs chapitres du livre, à mon sens, est consacré à Jello Biafra montré en plein pantomime.

Je m’arrête-là, pas la peine de les citer tous (Suicide, The Hives, We Have Band, Arcade Fire…) d’autant que, pour les Parisiens, la semaine prochaine il est possible/recommandé de voir les montages originaux lors d’une soirée coolos aux Trois Baudets, entrée gratuite, avec concert de Panico, le groupe punk-funk chilien qui fait littéralement suer, DJ-set pas moins agité de Luz et dédicace du duo.

Récapitulatif : à partir de vendredi prochain, le 20 mai, commence une expo-vente de tirages, de photos, de dessins jusqu'au 20 juin, aux Trois Baudets, 64 bd de Clichy, 75018. Le soir même, à partir de 18h30, la Flash Free Party, avec Stefmel & Luz of course mais aussi Panico. Entrée gratuite.

Pour commander Trois Premiers morceaux sans flash, c'est ici que ça se passe.
Enfin, pour faire plaisir à Stefmel & Luz, une chanson qu'ils aiment bien et qu'ils m'ont fait découvrir...






La veille, le jeudi 19 mai, Julie B.Bonnie donne un concert à La Bellevilloise, pareillement gratuit. Celle qui a été chanteuse de Cornu (après avoir été violoniste de Forguette Mi Notte) poursuit son chemin avec ses chansons à la fois sensibles et légères, pétillantes et aériennes, entre folk, pop, americana, entre Leonard Cohen, Bertrand Belin et Kid Loco. Justement, sur son album, On est tous un jour de l’air, elle reprend “Famous Blue Raincoat” du premier, Julie y est accompagnée par Belin à la guitare. Quant à Kid Loco, il a réalisé et arrangé la chose.


La tentation est grande de citer Maylis de Kerangal, oui celle-là même qui a obtenu le prix Médicis pour Naissance d’un pont, oh, allez, faisons nous plaisir.

«On est tous une colonne d’air, vertébrale qui nous tient debout, qui nous tient vivants, on est même tous un jour que ça, de la buée qui brûle, un battement de cil qui déchire, la vibration d’une corde, une respiration, de la musique, une chanson de fille blonde, un air de Julie B.Bonnie». Julie a en effet sollicité quatre auteurs (Maylis de Kerangal, donc, Nicolas Richard, Mathias Enard, le dernier prix Goncourt des lycéens et Lionel Osztean) pour des textes que l'on retrouve à l'intérieur du disque. Et le disque ? Pour se le procurer, il faut aller dans une librairie du réseau parisien Librest (le Comptoir des Mots, les librairies Millepages et Millepages Jeunesse) ou aller sur le site de Librest.

Sinon, se rendre à la Bellevilloise le 19 mai constitue encore la meilleure manière.

Pour se quitter, quelques vidéos de Julie B.Bonnie et aussi le clip sanglante de Kid Loco, extrait de l'album sur lequel Julie est présente.







lundi 9 mai 2011

Appollo, Oiry & Dan Wells, adolescence et tueurs en série



C’est une drôle de période, l’adolescence. Quand on la vit en direct, on n’a qu’une envie, c’est de passer à autre chose et puis, plus on vieillit, plus on se rend compte combien on a été marqué par ces années parfois ingrates où acné et émois amoureux ont fait mauvais ménage. Objet de fascination, ce pan de nos vies qui précède-annonce-précipite la transition vers l’âge adulte inspire Appollo et Oiry. Les deux gars sont pourtant quadragénaires mais, après Pauline et les loups-garous, ils reviennent avec des personnages qui pourraient être leurs enfants* – no offense, les gars, à quelques années près, on est de la même génération.

Une vie sans barjot montre ainsi une bande de potes, entre lycée et fac, le temps d’une soirée et d’une nuit mouvementée. Comme l’un d’eux Mathieu, après avoir eu le bac, s’en va le lendemain pour Paris, cette nuit devient un espace-temps extensible pendant lequel tout semble pouvoir se passer. Un concert de rock, de la violence, du sexe, une teuf, des séances de drague pleines de timidité, de la pose, des mensonges et des éclatantes vérités.

S’ouvrant sur une magnifique séquence où Barjot fait du skate pendant que Mathieu et un autre pote discutent, cet album montre avec quel maestria Appollo et Oiry maîtrisent un sujet qui pourrait être casse-gueule. Comme un Riad Sattouf mais dans un genre et avec un ton différent.

Vous pouvez en lire quelques pages sur le site de Futuropolis. Ici, Li-An en parle bien mieux que moi. Et surtout donne l'avis de son fiston.




Mention spéciale pour les couleurs d’Oiry, même si, comme il le montre sur son blog, en noir et blanc, ses planches ont aussi de la gueule.




Allez, petit clin d'oeil, comme je sais que Une vie sans Barjot a failli s’appeler Teenage Kicks, le classique des Undertones.








En lisant Je ne suis pas un serial killer de Dan Wells, si l’on a vu quelques séries télé, on pense forcément à Six Feet Under et Dexter. La mère, la tante et la sœur du jeune personnage principal (John Wayne Cleaver, le narrateur) travaillent en effet dans une morgue et lui, John, donne volontiers un coup de main. D’autant plus que les macchabées le fascinent et qu’il se sait être un tueur en puissance (mais il se soigne et suit un psy d’où le titre... ce n’est pas un serial killer, bon sang).

Ces références narratives qui s'ouvrent dans notre tête comme des pop-up, on les oublie finalement assez vite pour se laisser bercer par le récit de Wells. Incident déclencheur : un véritable serial killer commence à sévir, signant ses crimes d’une trademark bien dégueu. Aussi fasciné qu’affolé, John tente de mettre au service de la justice ses connaissances astronomiques en matière de tueurs en série. Pas facile quand on a 16 ans et que l’on passe pour un dingo du plus beau tonneau…

Si vous êtes arrivés à me lire jusque-là, vous vous dites sans doute que voilà un auteur qui exploite comme tant d'autres un filon pas loin d’être épuisé. Sauf que Wells fait prendre à son intrigue un virage tellement déconcertant qu’à partir de la 102e page (exactement), on est ferré comme une truite imprudente se maudissant d'avoir mordu à l'hameçon. N’en disons pas plus. A part que Mr Monster, la suite, a été publié aux Etats-Unis et que ça devrait suivre aux éditions Sonatine j’imagine dans quelques mois.

Dans les remerciements, on comprend que si Wells a écrit ce livre, c'est qu'un ami, saoulé de l'entendre déblatérer au sujet des tueurs en série, l'a poussé à transformer cette passion morbide en une activité solitaire, l'écriture. Qui sait ce qui serait advenu sinon...

Ci-dessous la bande annonce du premier livre.



Pour finir, précisons que le nom du « héros » - appelons-le comme ça – a été choisi avec soin. « John Wayne » ne fait pas seulement référence à l’acteur mais au serial killer John Wayne Gacy, le « clown tueur » . Quant à Cleaver, c’est – comme Wells l’explique ici – le nom d’une famille fictive représentée dans un show télé US des 50's.

Du coup, finissons avec la vidéo de "John Gacy Jr" par Sufjan Stevens.




*Désolé pour l’absurdité de cette phrase, car, d’une certaine manière, vu qu’ils les ont créés, ce sont bien leurs «enfants ».

mercredi 27 avril 2011

François Alquier, Bob et Claire Braud


Je connais François Alquier depuis plusieurs années, depuis que l’on a écrit pour le même magazine. Il fait partie de cette minorité de collègues avec qui l’on peut discuter sans qu’il y ait des histoires d’ego, de l'esbroufe. Quelqu’un d’éminemment sympathique que l’on écoute d’autant plus quand il a un coup de cœur. Parce qu’il n’est pas là pour jouer au branché, donner dans la posture. Journaliste radio et presse écrite, il est juste curieux, à l’affût.

Il y a 5 ans, François a démarré un blog pour proposer le suc de ses interviews, tout en racontant les à-côtés du métier, les attentes dans les salons d’hôtel, les coulisses des rencontres. Bizarrement*, pour ce faire, il s’est inventé un personnage, Mandor. Et, après des centaines de post, il vient d’en réunir une cinquantaine dans son premier livre, Les Chroniques de Mandor, signé de son vrai nom (il y explique, au détour d’un chapitre, le pourquoi de son pseudo, je ne déflore pas). Dans un défilé ininterrompu, se succèdent ainsi écrivains, chanteurs, comédiens, humoristes. Et même Gotlib (que j’ai aussi rencontré dans son repaire et comme lui j’ai été ému). Le chapitre consacré à Anne Goscinny, écrit dans le style du Petit Nicolas, est également très réussi.

J'avoue, j’aurais bien aimé qu’il nous en dise sur Boris Bergman et moins sur Zazie. Même si Christophe ou Ravalec nous fascine tous les deux, je ne partage pas son goût pour Goldman, Adamo, Renaud et d’autres personnalités très respectables (devant qui je serais « sec »). Mais il y a dans le regard de François une telle bienveillance, une envie de faire briller son sujet, avec humour, légèreté mais aussi de la précision dans les questions, que je me suis laissé porter. Les chroniques de Mandor peuvent devenir de la drogue douce et déboucher sur une dépendance. Faut dire que François a de drôles d’habitude : quand l’interview est prévue en extérieur (et pas chez ceux avec qui il vient discuter), il arrive en avance, histoire de camper le décor, de prendre possession des lieux avant son interlocuteur. Ça donne parfois lieu à des quiproquos rigolos – il ne reconnaît pas Benoit Jacquot en pleine discussion avec Isid le Besco. Il y a aussi le coup où il va voir Dany Boon en plein tournage, la fois où – le fou – il avale du fast-food dix minutes avant une interview avec Axelle Red (courageux et pas bégueule, il ne nous cache aucun d’ennuis gastriques qui suivent)… Il y a aussi, ha ha, la fois où, à cause de Jean-Pierre Coffe, il se fait virer et… Bref, ces Chroniques sont riches en émotions, en éclats de rire mais pas seulement. François s’y livre aussi de manière très personnelle, à l’impromptu, et ça donne aussi à son livre son unité, son caractère. Ici, une interview instructive du bonhomme...

François Alquier - Les Chroniques de Mandor - Laura Mare Editions

Ah, j’oubliais : j’ai eu l’honneur d’être « mandorisé » pour ma bio de Jimi Hendrix (ici, à la date du 14 novembre). J’en profite pour signaler la sortie toute chaude de Bob Dylan au-delà du mythe.




J’en entends déjà qui s’étonnent et questionnent : « qu’écrire sur Dylan qui n’ait pas encore été écrit ? » Une réserve légitime si l’on oublie que Bob Dylan n’a pas eu qu’UNE vie. D’ailleurs, il n’a pas cessé en un demi-siècle de raconter un peu tout et son contraire lors des interviews… même dans ses Chroniques, précieuses mémoires aussi chaotiques que poétiques…
Surtout, comme Johnny Cash, il sera actif jusqu’à sa mort, que ça soit sur scène, en studio ou devant une machine à écrire. Un de ses meilleurs albums de tous les temps (“Love and Theft”) ne date-il pas à peine de dix ans (comme le premier Strokes, pour que les plus jeunes resituent) ?
Commençons par la fin avec ce passage aux Grammy Awards de cette année, avec les Avett Brothers et Munford & Sons. « Il sonne comme Krusty le clown », dit un commentateur.
Pas faux, pas faux.



Et maintenant quelque chose de totalement différent...
Mambo est je crois la première bande dessinée de Claire Braud et c'est exactement de ça qu'il s'agit. A force de lire des auteurs confirmés, on a souvent l'impression de parcourir un terrain balisé : ton familier, tics, pirouettes (cacahouète !), effets de styles. Si Mambo est un enchantement c'est parce qu'il reste imprévisible. J'aimerais savoir comment elle a conçu son histoire mais il vaut mieux garder le mystère. Entre Glen Baxter et Nicole Claveloux, voilà des pages pleines de vie qui répondent à leur propre logique. Au bout du compte, Braud nous parle de la société dans laquelle on vit, d'amour, mais on s'en aperçoit qu'a posteriori, emporté par les péripéties sentimentalo-absurdes de son héroïne. Ah que j'aimerais pouvoir ouvrir à nouveau ce livre les deux yeux vierges...


Claire Braud - Mambo - l'Association

Une petite chronique vidéo réalisée par un autre enthousiaste....


Claire Braud - Mambo par MickeyKuyo


*Oui, moi, j’ai démarré ce blog sous le pseudo d’Oslav Boum. Pour info (qui n’intéresse que moi), j’utilisais déjà Oslav quand je signais des bandes dessinées tout petit.

vendredi 25 mars 2011

La Présidente, Megan Abbott bis & Marianne Faithfull



Entre 1994 et 1996, Autrement a édité d’épatants albums thématiques (L’argent roi, Le Retour de Dieu, Noire est la terre) auxquels ont contribué David B, Lewis Trondheim, Thomas Ott, Fmurr, Bezian, Chantal Montellier et d’autres. C’est dans l’un d’eux qu’ont été publiées les 25 planches de La Présidente, qui a désormais droit à l’Asso à une sortie en album, dans un format bien plus grand.

1er Flashback : en 1992, à l’issue des élections régionales, c’est Marie-Christine Blandin, représentante des verts qui devient présidente du conseil régional Nord-Pas de Calais. Les écolos ne sont pas majoritaires mais un consensus à gauche a poussé sa candidature.

2e Flashback : en 1994, Blutch et JC Menu sont sollicités par Autrement pour participer à Noire est la terre.

Comme ils le racontent –ou le mettent adroitement en scène – ils partent d’abord sur la fausse piste d’une bd de science-fiction qu’ils laissent en plan au bout de quelques pages. Puis Menu a l’idée d’un reportage autour de l’écologiste qui alors le plus de responsabilités. Marie-Christine Blandin, donc. Et justement quand ils arrivent dans le Nord pour leur reportage, le président du Mali rend visite à la Présidente. Menu et Blutch héritent d’un chauffeur, rendent visite au grand-père du premier, interviewe Blandin, se rendent comptent de la complexité de la situation de celle-ci mais aussi de son courage – car elle arrive peu ou prou à imposer en douceur ses vues.
Avec ses anecdotes, ses digressions (le voyage chez le Pépé de Menu), le reportage, dessiné par Blutch et scénarisé par Menu, nous plonge dans une France qui paraît bien lointaine, celle où un le règne d’un Mitterrand presque mourant finissait en semi-pantalonnade et où le candidat à sa succession sortait du bois, Jacques Chirac. On en a pris pour 14 ans !

Pour prolonger le plaisir du lecteur, les planches initiales ont été complétées par des crayonnés, des tentatives de découpages, des croquis pris sur le vif de Blutch (avec lui, c’est embêtant, magnifique devient un cliché) et une préface fort bien sentie de Marie-Christine Blandin, devenue depuis 2001, sénatrice.

La Présidente - l’Association, 12 euros.



Je parlais hier d'Adieu Gloria et j’avais paré un peu au plus pressé. D’abord, en citant à propos de son auteur, Megan Abbott, l’influence d’Ellroy alors que j’aurais dû mettre l’accent sur Chandler ou Hammett – ce qui explique le qualificatif « vintage » employé par certains pour Adieu Gloria. Et si elle joue avec les codes, c’est en gommant toute référence temporelle ou spatiale. Comme elle l’expliquait hier à l’Arbre à Lettres (rue Boulard, 75014 Paris), l’action se situe pour elle dans une ville moyenne.
Toutes ses questions – où, quand, qui - ? – je ne me les étais posé, entrainé par le récit. Hier, je n’avais pas non plus mis l’accent sur le retournement qu’elle opère. Alors que, dans le roman noir moyen (et les films correspondant), les hommes ont le beau rôle alors que les femmes jouent les petites pépées, dans Adieu Gloria, c’est un peu l’inverse, d’où le titre original, Queenpin, le féminin de « kingpin » (« caïd » en argot).

Comme Megan est fan de The Decemberists et de REM, une petite vidéo raccord, extrait de concert à Seattle du premier groupe avec Peter Buck, le guitariste du second.




Justement, avant-hier soir, Marianne Faithfull au théâtre du Chatelet reprenait un morceau des Decemberists (celui qu'elle a enregistré sur Easy Come Easy Go avec Nick Cave), "The Crane Wife 3". Comme elle a eu l’excellente idée de renouveler son groupe – avec notamment Wayne Kramer, oui celui du MC5, tout à sa droite – le concert était très bien. Qui d’autre peut interpréter en deux heures des chansons écrites par-avec Beck, Lennon, Roger Waters, Allen Toussaint, les Stones, the Decemberists, Nick Cave, Dolly Parton et Merle Haggard ?

Mardi, au rappel, elle a repris a capella une chanson des Chieftains.

Deux vidéos, celle de "Working Class Hero" et de la reprise des Chieftains, grâce à Patrice Guino - je ne peux que renvoyer vers son blog RockerParis, cet homme passe sa vie dans les concerts.




jeudi 24 mars 2011

Killoffer, Megan Abbott, Tyler the Creator

Ouh là, ça fait quatre mois que je n’ai pas honoré ce blog fourre-tout d’une petite bafouille. J'ai des raisons valables - des livres dans les tuyaux - mais pas d'excuse. J'avais pourtant plein de choses à raconter (notamment sur le festival d'Angoulême où j'ai animé des tables rondes et des "rencontres dessinées"). Tant pis, ça reviendra dans le fil de la conversation, encore plus décousue qu'avant.


Aujourd’hui même a lieu le vernissage au Point Ephémère du maestro Killoffer à partir de 18h30 (quai de Valmy dans le 10e à Paris).

Je risque d’être méchamment à la bourre car, avant, je serai à l’Arbre à lettres, 14 rue Boulard dans le 14e, pour assister à une rencontre avec Megan Abbott.


Il y a pas dix jours, je ne connaissais pas encore cet auteur américain mais j’ai été alerté par Nicolas Richard, l’homme de goût qui a traduit son dernier roman paru chez nous, Adieu Gloria (éditions du Masque).

Le week-end dernier, petite session de rattrapage express entamée par Absente, publié il y a deux ans chez Sonatine et maintenant dispo en Livre de poche. The Song Is You (titre original) est du pur roman noir qui nous emmène à Hollywood à la toute fin des 40's.Quelques années avant l’intrigue de L.A. Confidential auquel on pense presque immanquablement (c’est un compliment).

Une starlette qui disparaît, des acteurs soupçonné d’avoir commis des horreurs…Docteur en littérature anglais et américaine, Megan Abbott n’a aucun de mal à plonger le lecteur dans l’atmosphère du roman noir à l’ancienne tout en se réappropriant ses codes.




Elle y arrive encore mieux avec Queenpin qui vient de sortir sous le titre d’Adieu Gloria. Raconté à la première personne. Une jeune fille de bonne famille partie pour être comptable saisit la première occasion pour connaître une vie tumultueuse et devient la « pouliche » de Gloria Denton, femme fatale qui bosse pour le milieu. Là (merci Nicolas !), le style de Megan Abbott s’épanouit complètement, des images en peu de mots, des raccourcis qui ont de la gueule, une musique qui reste gravée dans la mémoire.

« Joue-la en douceur et avec élégance, m’intimai-je. Bing Crosby dans un hamac ».



Autre citation. « Cette femme est destinée au panthéon des auteurs de romans noirs. Peut-être même ira-t-elle plus loin encore ». Ça, c’est d’Ellroy à propos d’Abbott.


Finissons avec quelque chose qui n’a rien à voir, le clip de Tyler The Creator et son passage chez Jimmy Fallon il y a un mois. Du hip hop californien qui ne ressemble pas à du hip hop californien, des jeunes qui ne respectent rien et écrivent leur histoire. Gracias.