mercredi 16 avril 2008

Art Spiegelman : Breakdowns


« Mon travail, comme je l’explique dans la postface du livre, a commencé avec Breakdowns. Un livre qui était autobiographique à une période où ce n’était pas commun dans les comics. Un livre qui s’intéressait à l’expérimentation formelle, comment les dessins et les mots peuvent se déplacer sur la planche, se désunir, se réunir... En 1978, le livre rencontra une incroyable indifférence, tout le monde s’en foutait. Je me suis dit que si je continuais dans cette direction, j’allais devenir un artiste pour galerie branchée, le genre d’artistes qui a seulement besoin d’avoir un ou deux riches amateurs qui soutiennent son travail. Mais moi je voulais être un artiste de comics. J’ai décidé de dessiner une histoire longue et complexe. Ce projet m’a pris 13 années et a donné Maus ».
« Quand je parlais aux gens au moment de la sortie de A l’ombre des deux tours, je me référençais à Breakdowns, que personne ne connaissait. Mon éditeur m’a demandé ce que c’était que ce bouquin dont je ne faisais que parler. Il a été Ok pour l’éditer. Après, je me suis dit que pour les lecteurs, ça serait aussi confus que ça ne l’était en 1978. Je devais clarifier tout ça en faisant une introduction. Comme je ne suis pas un écrivain, je me suis dit que j’allais la dessiner, qu’elle ferait trois ou quatre planches. Ça m’a pris deux années et demi pour une vingtaine de pages. J’ai essayé de faire simple tout en produisant quelque chose d’aussi complexe que ce que je voulais simplifier. Finalement, j’ai écrit la postface pour expliquer la première et la seconde partie ».
Voici les explications d'Art Spiegelman lui-même rencontré le 14 mars dernier. Breakdowns est un drôle de livre, à la fois une réédition (l'album initial est reproduit en fac-similié) et une nouveauté (la vingtaine de pages inédites où Spiegelman retrace sa vie en comics). Il s'articule donc autour d'une dizaine d'histoires publiées dans les mags underground des seventies qui oscillent entre l'autobiographie malade et l'expérimentation. On trouve la première microversion de Maus (3 pages datant de 1972) mais aussi des choses moins attendues qui sentent bon la liberté extrême de l'époque et préfigurent fastoche l'Oubapo. Loin d'être un recueil de fonds de tiroir, le livre constitue au contraire une clé supplémentaire pour comprendre Spiegelman.
Ci-dessous deux planches de l'"introduction".
Copyright Spiegelman/Casterman


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