vendredi 3 août 2007

Mes livres de l’été (1/11)


J’y pensais sur la plage – un blog, ça démange un peu comme une piqûre – ça me faisait marrer. Donc voici mes livres des vacances. Pas ceux que je conseillerais forcément (certains si), ni une sélection intelligente des livres qu’on doit lire cette année. Rien d’étudié, un beau bordel, simplement les livres que ma copine et moi on a achetés de manière empirique quelques jours avant de partir, ceux que j'ai vraiment lus pendant mes deux semaines de glande en Calabre, un Martini © pas très loin de la main. Ni figurera pas un Jean Ray, ni Harry Potter (le 7e sortait 3 jours après mon départ et Amazon © ne livre pas sur la plage), encore moins quelque chose de trop abstrait ou exigeant intellectuellement. Ça ne signifie pas que je me sois enfilé (c’est une manière de parler) des best sellers vite oubliés. Non, il y a eu de la qualité. Mais : beaucoup de polars, de vampires, de sang et de fusillades. Je préviens.

A commencer par Maurice le siffleur (éditions Grasset) de Laurent Chalumeau (la couverture ne rend pas service au livre).
Voici quelqu’un dont on peut s’inspirer. Un parcours de furieux du mot, commencé à Rock & Folk dont il a été une des dernières grandes plumes. Chalumeau savait rendre mythique n’importe quel artiste tout en glissant une peau de banane deux lignes après et enlever le trône sous le cul de la star. Correspondant américain un temps (comme Philippe Garnier, grande figure), il a été un des rares à s’emparer du hip hop (mémorable papier sur NWA, par exemple). Rencontre ensuite avec De Caunes et le voici à co-écrire les sketches de Nulle Part Ailleurs - qu'il faut revoir. Des chansons (pour, hum, G-Squad, Julien Clerc, Patrick Bruel…) et du script pour le cinéma (interview intéressante sur le site de DVDrama plus bas). Ah, j’allais oublier, à partir de Fuck, des livres pleins de gouaille, de personnages qu’on a devant les yeux dès la première description, entre les pulps à l’ancienne, le commentaire sociologique décapant et les répliques à la Audiard (grosse influence parfaitement digérée).
Maurice le siffleur, c’est du nanan, une lecture tellement jubilatoire que ça touche au scandale (pourquoi j’en ai jamais entendu parler ? Il aurait dû cartonner un minimum). Un polar sur la Croisette dédié à Pierre Mondy (authentique) et aux arnaques minables. Au bout de quelques dizaines de pages de chauffe et d’exposition des personnages (un vendeur de fringues proche de la retraite, un homme d’affaires véreux, ses hommes de main stupides, la bimbo du caïd, etc.), la sauce prend en un tour de main (ça se passe page 61) et l’on n’arrête plus de rire jusqu’à la fin. Chalumeau balance en loucedé sa petite musique (le personnage principal dépense une grande partie de sa thune en vinyles vintage) et ficelle son intrigue avec l’amour de la belle viande.
Pour donner un indice, ce Maurice a des traits communs avec Un jumeau singulier de Donald Westlake (Rivages/Noir).Tiens, un extrait du Westlake tout aussi drôle, les deux première lignes en fait : « Toute cette histoire commença assez innocemment ; j’avais envie de baiser ».

Sur le site des éditions Grasset : les premières pages de Maurice le siffleur
http://www.edition-grasset.fr/chapitres/ch_chalumeau.htm

Une interview sur DVD Rama de Chalumeau sur son activité de scénariste et « script doctor ».
http://www.dvdrama.com/news.php?2756)

2 commentaires:

Anonyme a dit…

"Fuck" m'avait passablement agacé, malgré sa relative bonne tenue littéraire. Je veux bien essayer un nouveau Chalumeau, mais si y a tromperie sur la marchandise, je t'envoie 3 albanais te péter les rotules.

Vincent Brunner a dit…

Non, pas les rotules, je me suis mis au jogging !
"Maurice" n'est pas un livre prétentieux, si tu connais Westlake, c'est un peu dans le même esprit, matiné d'Audiard.