mardi 17 juillet 2007

J'avais envie...

de saluer la sortie de l'album de Théo Hakola, pas très estival mais assez prenant, de parler des comics d'Alan Moore, d'Harry Potter, du dernier volume de 20th Century Boys (le 22) qui n'est pas en fait le dernier (ou alors je n'ai rien compris et ça m'inquiète) des Happy Mondays qui reviennent avec un disque qui leur est fidèle (des branleurs groovys), de Chris Ware, des bonnes pages de Klezmer 3, de Planète Lointaine (quoi, j'ai neuf ans de retard ? et alors), d'Elek Bacsik dont il faut réhabiliter l'élégant jeu de guitare (et en dehors des cercles d'érudits du jazz)...

Et puis je pars en vacances, donc je remets tout ça à ma rentrée à moi, en août.
Merci déjà à ceux qui viennent ici, régulièrement ou pas.
Ensuite, une promesse : Playback sera plus actif à la rentrée (conséquence d'une indépendance retrouvée mais on va pas rentrer dans les détails).
Allez, j'ai un sac de livres à préparer, bon vent et à dans deux semaines !

lundi 16 juillet 2007

Les disques de l’été ( ?) : Recoil


Ancien membre de Depeche Mode, qu’il a quitté en 1995, Alan Wilder est une sorte d’aventurier musical qui mélange haute technologie, musique vivante et concept. Ce cinquième album de Recoil, son projet aussi accessible qu’intello, s’intéresse ainsi à ce qui nous rend tous humains. subHuman évoque ainsi un Massive Attack moins froid et désincarné : la voix du bluesman de la Nouvelle Orléans Joe Richardson (inconnu de nous avouons le) croise ainsi celle de la chanteuse d’opéra Carla Trevaskis (pas plus repérée par nos services). En tout cas, leurs timbres ont du caractère et leur(s) rencontre(s) provoquent un choc de textures.

Les sept morceaux de l’album, bien qu’ils soient très longs (le plus court dure 6 minutes) évitent toute lourdeur et n’ont rien des indigestes pièces montées auxquelles on pourrait s’attendre après un tel blabla de ma port. C’est la force de Wilder : réussir à synthétiser des influences blues, pop, electro tout en intégrant un fort contenu qu’il soit émotionnel ou conceptuel. Un album étonnant et presque labyrinthique de cyber-soul, dont les recoins se révèlent à chaque écoute.
L’electro pop de Depeche Mode paraît à côté bien convenue…


Sur le site officiel, en construction mais très beau, on peut écouter plusieurs morceaux :

http://www.recoil.co.uk/
PS je m'étais trompé d'Alan dans ma hâte à partir en vacances, merci à Pimpf pour la correction.

jeudi 12 juillet 2007

Adaptations 2


Je parlais de tendance prononcée, on peut même dire qu’elle est « lourde ». Gallimard va lancer une collection dévolue aux adaptations, Fétiche. Le Roman de Renart par Bruno Heitz, Harry est fou de Pascal Rabaté, librement adapté d'un certain Dick King-Smith vont ouvrir les hostilités. Sfar, encore lui, va s’attaquer, apparemment à la demande des ayant droit de Saint-Exupéry, au Petit Prince. Sur son site ( http://www.pastis.org/joann/ ) il explique : « c’est l’ouvrage qui m’a permis d’apprendre ce qu’était la mort, ce que c’était de s’apprivoiser, c’est aussi le livre des aquarelles ». Sur le blog http://bdnews.over-blog.com/, on trouve une dédicace (adressée au blogueur) qui donne un petit aperçu…

Trêve de Sfarerie, il y aura aussi David B et plein d’autres…
Et là, j’apprends qu’aux éditions du Soleil une collection appelée Noctambule va présenter des adaptations de Melville, Feminore Cooper, Mac Orlan ou Gaston Leroux. Mazette ! Tout le monde a eu la même idée d’un coup ou quoi ? Il faudra faire le tri dans tout ça et ne pas oublier de laisser entrer de l'air plus contemporain. Autrement, on va sentir la poussière...

Adaptations 1




C’est une tendance assez prononcée dans la production BD actuelle : adapter des classiques de la littérature. Une tendance qui doit faire cracher leur venin à des rabat-joie. Moi, je ne me plains pas. Ça me permet déjà de me rendre compte de mon inculture. Car, dans la plupart des cas, grâce à ces adaptations fidèles au texte original, je découvre la vraie substance de ces classiques dont l’inconscient collectif n’a retenu que des traits grossiers. Le premier « épisode » de Robinson Crusoé dessiné par Christophe Gaultier montre ainsi le parcours du personnage principal, jeune aristocrate oisif et un peu froussard. Le premier volume du Frankenstein de Mary Shelley, brillamment mis en images par Marion Mousse, reprend également les choses à zéro. Le seul reproche qu’on puisse faire aux sorties d’Ex-Libris est de s’en tenir à ce format du « 48 pages – cartonné » qui est bien commode en tant qu’objet commercial mais bien frustrant pour le lecteur.
Il faut aller sur le blog de Marion Mousse, il y a notamment un bd aviaire, drolatique et débile :
http://www.reserveabulles.com/mousse/
Les images sont (c) Delcourt-Marion Mousse.

mardi 10 juillet 2007

Le monsieur de l'EDF

Il y a pas dix minutes, le monsieur qui vient relever les compteurs d’électricité et de gaz se réjouit de voir que les miens sont en hauteur, à portée d'homme, et pas trop bas. « Parfait, parfait ». Puis il s'arrête, fait volte-face et lance : « C’est Jean-Luc Godard qui disait : “avant, quand on allait au cinéma, on levait la tête. Maintenant, on la baisse pour regarder la télé”. Et oui, comme des abrutis… » Et là il part en rigolant continuer sa tournée.

Polly Jean

Que s’est-il passé dans la vie de PJ Harvey ? On peut parier sur une suite d’événement funestes (pertes de proches) ou alors sur une prise de tête masochiste qui l’a forcée à regarder dans le gouffre et narguer la falaise. Le 24 septembre prochain, elle lâchera dans la nature White Chalk, un album aux allures de monstre noir, conçu avec le fidèle Jonh Parish et Flood. Conduite par un piano (parfois doublé) sinistre et désaccordé, cette dizaine de nouvelles chansons la voit chanter comme on ne l’a jamais entendu : n’hésitant pas à aller dans les aigus, vers plus de vulnérabilité, vers le déraisonnable. En septembre, beaucoup vont sans doute nous sortir le cliché de « elle fait son Toris Amos » (selon l’équation : chanteuse torturée + piano = Toris Amos). Mais cet album déconcertant par sa forme (bancal, littéralement plein de souffle), courageux de désespoir fait plus penser à une Björk (les mélodies vocales alambiquées). Un disque – apnée d’où elle sort parfois sans qu’on sache si elle crie parce qu’elle coule ou a de nouveau pied. Un disque exutoire où les mots « pardon », « « adieu » se télescopent avec ceux de « grand-mère », « maman » ou « aimé »…
Il faudra se plonger dans ce trou noir à sa sortie et j’attends déjà ce moment où je pourrai m’approprier ce disque assez hors norme, beau et suicidaire. L’anti-Mika, que je laisse à ceux qui n’écoutent pas de musique…

vendredi 6 juillet 2007

Hiroshi Hirata





Performance, sacrifice de soi, concentration… Les livres d’Hiroshi Hirata mettent souvent en scène des personnages au destin héroïque, des samouraïs prêts à tout pour se dépasser. Mais le dessinateur japonais ne maquille pas à outrance la réalité d’alors pour la glorifier. S’il montre les hauts faits, il n’occulte pas les côtés désastreux. « Dans les romans historiques sur le Japon, il y a beaucoup de mensonge, ils ne parlent pas de la vie réelle des samouraïs », explique-t-il. « Je veux décrire l’existence de l’homme qui connaît la pression, les difficultés dans sa vie quotidienne, pour montrer que la vie du peuple n’a pas vraiment changé… »
Dans Satsuma, série en six volumes, Hirata cassait l’image romantique du samouraï et abordait même le problème de l’abstinence sexuelle (et ses conséquences : le viol). Dans L’âme du Kyudo qui paraît maintenant en France (mais date des années 70), il raconte comment dans un temple de Kyoto une incroyable compétition s’est instaurée. Les archers de l’époque se sont lancés le challenge suivant : faire passer en une seule journée le plus grand nombre de flèches d’un bout à l’autre du bâtiment… qui est de 120 mètres de long. Hirata qui explique en riant s’être intéressé à l’histoire du Japon pour trouver l’inspiration et gagner de l’argent (il devait subvenir aux besoins de ses cinq frères et de sa mère) a visité ledit temple où sont consignés les noms de ceux qui ont successivement battu le record. Mais le mangaka ne s’arrête pas sur la performance (le meilleur des archers a passé 8000 flèches !), il montre aussi comment le jeu a été détourné pour devenir un enjeu entre les fiefs concurrents qui consacraient des sommes énormes pour participer à l’épreuve. Les pertes humaines (au premier titre, les suicides après la défaite) concouraient également à la rendre absurde.
Au niveau de la vérité historique, s’il prend des libertés c’est pour raconter à l’échelle humaine. Ainsi, si l’histoire officielle n’a retenu que le nom des recordmen successifs, lui n’oublie pas qu’au moins cinq hommes devaient entourer l’archer pour lui passer les flèches – pour tenir le rythme, il fallait tirer trois flèches par respiration ! « Tous le faisaient au risque de perdre la vie parce que l’honneur de leur fief était en jeu ».
A 70 ans, Hirata continue de mener deux séries en alternance, se consacre à sa passion pour les projecteurs de cinéma et dessine la nuit. Pas d’assistant, entre un jour et cinq sur une planche. On l’a vu récemment au festival d’Amiens (et à Envoyé Spécial !). Un sacré mangaka, plus rigolo dans la vie que ses livres le laisseraient supposer.

L’âme du Kyudo, éditions Delcourt.



jeudi 5 juillet 2007

Les disques de l’été (énième) : Rufus Wainwright





On peut passer à côté de ce genre d’artiste, c'est facile. Parce qu’inscrit dans une tradition maintenant désuète, celle des songwriters classiques qui admirent plus Cole Porter ou Burt Bacharach que les Neptunes. Parce que désespérément frappé d’une mélancolie éternelle. Parce que ses textes veulent dire autre chose que « dance », « drink » ou « fuck » (ou alors, sous une autre manière, plus subtile). Non, je ne me fais pas réactionnaire ce matin, j’ai été simplement rappelé à mon devoir par la présence récurrente dans la playlist du dessinateur mélomane Li-an du Canadien Rufus Wainwright, fils de Loudon Wainwright III, frère de Martha. Je l’avais oublié. Pas complètement non plus mais son dernier album, Release The Stars, tournait autour de ma platine plutôt que dans mon lecteur.
Pourtant, quelle merveille : mélodies complexes, arrangements orchestraux dosés à la cuiller (et pas à la louche comme chez la plupart des artistes rock, textes intelligents (littéraires ?) et voix pleine de déliés, d’émotions. On remerciera Neil Tennant des Pet Shop Boys, venu soutenir Rufus, pour ce qui est l’album de la dernière chance. Attention, Rufus ne va pas arrêter de chanter mais s’il ne rencontre pas un minimum de succès il va sombrer.

Sur son myspace ou sur son site officiel, on peut entendre « Going To A Town », sorte de (magnifique) lettre de rupture à cette Amérique qui l’a conquis puis déçu.
http://www.myspace.com/rufuswainwright ou www.rufuswainwright.com/
La photo est tirée du livret, je n'ai pas pété un plomb...

mardi 3 juillet 2007

Le Donjon de Stanislas










On trouve déjà (sur le site de la fnac, pour tout dire) les quatre premières planches du prochain épisode de Donjon, Le Grand Animateur, dessiné par le grand Stanislas, héritier français de la ligne claire.
Si vous suivez la chronologie de Donjon, il se situe sur l’échelle temporelle à « - 400 » et concerne l’ancêtre d’Herbert le Canard, mr Vaucanson himself. Sortie en septembre…

Images (c) Delcourt - Sfar/Trondheim/Stanislas

Le Flon




Une bd crasseuse et drôle où les personnages (au premier titre, Le Flon lui-même, super-héros naze) disent souvent n’importe quoi (« bon on se casse, ça sent pas la griotte ») comme dans l’univers absurde de feu Charlie Schlingo… Jean-Michel Bertoyas marche en effet sur les pas lourds et dingos du Charlie susnommé ou rappelle, en plus trash, Kebra de Tramber et Jano quand ils dessinaient en noir et blanc crado. Ça fait bien plaisir. Son Flon reviendra, on nous promet une série de comics (huit euros le volume). Déconseillé aux esthètes – à part ceux qui ont beaucoup d’humour.


Le Flon, éditions Requins Marteaux

Spirou


Pour celles et ceux qui aiment la bande dessinée populaire (je fais référence à l’article de Elle, voir plus bas, dont je ne me remets pas), les éditions Dupuis rééditent les aventures de Spirou et Fantasio par Franquin. Moi, je ne m’en lasse jamais et je donnerai la plupart des trucs à la mode pour une seule de ses histoires – que j’ai pourtant lues quatre-vingt fois.
Au programme du troisième volume, sous-titré Voyages autour du monde : La Corne du rhinocéros, Le Dictateur et le champignon et La mauvaise tête, publiées dans le journal Spirou entre 1952 et 1954. Franquin a alors pris ses marques et maîtrise de mieux en mieux l’outil Spirou, les affaires sérieuses commencent : la virtuosité va de pair avec une fantaisie croissante et un ton sarcastique qui, timide, ira en s'amplifiant. La Corne et La mauvaise tête sont des histoires mythiques qu’il faut avoir lues (Le Dictateur est pas mal non plus). A noter le prix, 16 euros, pas volé. Si vous préférez le noir et blanc, ce qui peut se comprendre, l’intégrale de chez Niffle est toujours dispo, pour une somme pour le moins équivalente.

PS Et dire – ça n’a rien à voir – que Dupuis n’a pas laissé Yves Chaland reprendre Spirou comme il le voulait.

lundi 2 juillet 2007

La maladie du roman graphique


Ça n’a presque rien à voir avec ce qui précède mais je suis tombé sur un numéro de Elle acheté par désoeuvrement par ma copine. Dedans, un petit article sur le « roman graphique » que j’ai scanné pour qu’on en rigole ensemble (faut cliquer pour lire).

Je ne pense pas que Will Eisner avait une idée du dommage collatéral provoquée par sa création sémantique de « graphic novel ». A part l’assez anecdotique (mais inoffensif) Fraise et chocolat, sont mis en valeur dans cet articulet des albums de qualité (Blackhole, Ice Haven, etc.) Mais la distinction réalisée entre le roman graphique et les bd aux « héros à gros nez », entre le « côté radical chic » du premier et le « quelque chose d’immature, de populaire, de masculin » de la bande dessinée d’autrefois, touche au ridicule.
Il vaut sans doute mieux laisser ce plumitif et ces semblables gober l’air du temps et ne pas leur rappeler qu’Ici Même de Tardi et Forest, Le Transperceneige de Lob et Rochette ou Le Garage Hermétique de Jerry Cornelius (130 pages en noir et blanc) sont parus en1979 (pour les deux premiers) et 1984. Ce ne sont que des exemples, bien sûr. Quant aux « personnages au gros nez », ils continuent à sévir, malgré cette police du bon goût… Ne parlons pas des romans graphiques chiants à cause de trop d'auto-complaisance ou d'un vide scénaristique...

Persepolis, le film

Malgré l’intoxication médiatique, le film d’animation Persepolis est, sans surprise, une réussite. Vraiment. Marjane Satrapi et Winshluss (Vincent Paronnaud), sans compter la flopée d’animateurs, ont réussi à transposer l’histoire originelle et son beau noir et blanc. Dans le film, plus de gris, moins de détails mais comment résumer quatre livres épais en une heure et demie ? J’étais bêtement circonspect à l’idée d’entendre Chiara Mastroianni, Catherine Deneuve ou Danielle Darrieux donner leurs voix aux personnages (féminins, bien sûr) principaux. On oublie pourtant qui est derrière l’écran.