jeudi 19 avril 2007

La faute à Dylan


Il y a deux ans, le marché du DVD ressemblait à une unstoppable invasion, on pouvait même avoir peur qu’ils contaminent les librairies, les boulangeries, une horreur. Finalement, l’enivrement consumériste a un peu baissé d’intensité, sans doute parce que les Dvds ça prend de la place et que, en règle générale (il y a des exceptions), son contenu se mord la queue (autopromo en guise de documentaire, etc.) Malgré cette intro, la sortie en DVD de Don’t Look Back a un goût d’événement récent et une bizarre urgence (42 ans après que les images ont été tournées, 40 après sa sortie !).
De ce film, on connaît tous au moins ce qui peut faire figure de premier clip vidéo : Dylan enchaînant devant l’objectif des feuilles de papier avec, dessus, les mots clés de la chanson “Subterrean Homesick Blues” et à l’arrière plan à gauche Allen Ginsberg

(http://www.youtube.com/watch?v=2-xIulyVsG8) .

Dylan en 65 est l’objet d’une célébration mondiale et d’une mésentente aussi vaste. Adulé comme le prince du folk, étiqueté comme le porte-parole de cette jeunesse qui se rebelle contre l’autorité, Bobby la Malice n’a que faire de toute cette considération. Il s’apprête à basculer publiquement dans l’électricité mais tourne en solo acoustique en Angleterre. Le public, les fans, les journalistes ont tous un épisode ou une saison de retard à son sujet. Ce dont on s’en rend bien compte dans le film de D.A . Pennebaker qui le suit presque partout : pendant les trajets d’une ville à l’autre, dans les salles de concert, les backstage, sa chambre d’hôtel transformée en foutoir bohême avec Joan Baez constamment en train de chanter. Ce regard intime a capturé Dylan tel qu’il était : insolent, touché par la grâce (voir ses prestations en solitaire, la manière dont il crée parfois en direct), drôle et libre dans sa tête. En 1965, Dylan est le rock’n’roll, il excite les filles (et les garçons), fait peur aux parents (c’est un anarchiste, un communiste ?). En 2007, ce Dylan-là, le jeune, a gardé son charisme, sa puissance de fascination – mettez le à côté de Jack White ou de Thom Yorke et ceux-là passeront pour auto complaisants et manquant dramatiquement d’humour et d’énergie).
Si vous êtes motivés et que vous avez un peu de budget, il faut se payer l’édition luxe de l’objet qui contient non seulement une heure d’images inédites (pas retenues à l’époque par Pennebaker et montées par lui-même trente ans après), un livret qui reprend toutes les scènes et les dialogues du film, un flip book avec le début de Don’t Look Back (soit le « clip » de “Subterrean Homesick Blues” dont on voit d’ailleurs deux autres versions aussi décalées). Les Dylanlcooliques apprécieront aussi les cinq chansons en pistes sonores et les commentaires de Pennebaker et de Bob Neuwirth, road-manager de l’époque de Dylan. Quant il y a matière à culte, autant y aller à fond, non ?

PS : Pour en finir avec “Subterrean Homesick Blues”, voici la parodie de « Weird Al » Yankovic, rien qu'en palindromes:
http://www.youtube.com/watch?v=Nej4xJe4Tdg

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