mercredi 3 janvier 2007

Canetor


Un livre traîne au pied de mon lit depuis des semaines et je préfère en parler avant qu’il soit couvert de poussière et surtout indisponible. Car c’est le dernier album de Charlie Schlingo, dessinateur surtout apprécié d’un cercle de fous et mort en 2005. Créateur de Grodada pour les enfants, Schlingo a été le porte-parole d’un humour (pour adultes) scato et dadaïste, une espèce de philosophe de la crétinerie, un La Fontaine (beaucoup plus) décoincé. Pour complètement s’immerger dans son univers délicieusement absurde (voire totalement idiot) il faudra chercher chez les bouquinistes des exemplaires de Désiré Gogueneau et autres Josette de Rechange. Schlingo mériterait une pléiade, ça ressemblerait à un volume de 500 pages qu’on ne pourrait pas épuiser. En attendant ce miracle, il faut donc profiter de Canetor (éditions Requins Marteaux), scénarisé par ce maître de la farce et dessiné par l’incroyable Pirus, fils mutant de Calvo ou Disney spécialisé dans l’anthropomorphisme délirant (Rose Profond, il y a longtemps avec Dionnet). Lu de loin, Canetor présente d’innocents gags de deux pages à l'esthétique cartoon 50's. Alors que, comme souvent chez Schlingo, il s’agit de relation sadique entre personnages d’où il tire tout le jus de la méchanceté. Ici, Canetorette, passe son temps à offrir des fleurs à Canetor dont elle est amoureuse. Lui, bizarrement excédé par ses attentions, l’effraie en se déguisant en veau (chez Schlingo, on se déguise en veau, cheval…). La sœur de Canetor, la harpie Canetorine, elle, ne s’exprime qu’en proverbes, vrais ou inventés. On voit aussi un œuf évoquer ses problèmes sexuels, un chien marchand de chaussettes et je ne peux pas en raconter plus. On pourrait croire que Schlingo et Pirus font l’éloge de la connerie et aiment l’humour vulgaire. Alors qu’ils analysent, avec l’excuse de la déconne, notre face sombre. Bigre…
J'aurais aimé rencontrer Schlingo, voir si c'était un fou furieux ou un dandy de l'humour crado. Malheureusement, il ne pourra pas me décevoir...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Hello, je découvre avec plaisir ce blog !
Canetor est paru dans le (x)mensuel Ferraille, j'aime beaucoup !